10 mars 2005
Bizarrement, avant de partir en vol pour 2 jours avec un élève suisse-allemand, je n’avais aucun enthousiasme à partir voler, alors que la météo est superbe, la neige est partout en bonne glisse, pas de vent, un programme de vol sympa… une intuition… ?
Nous décollons de Grenoble - Le Versoud vers 9 heures, atterrissage à Valmorel moins d’une heure après, notre première étape pour faire 2 ou 3 atterrissages.
Je montre à mon élève comment arriver sur ce terrain, atterrissage démonstration parfait, dans les règles de l’art… !
Nous nous arrêtons pour inspecter la piste pour le décollage et faire un briefing pour les tours de piste que nous allons faire. Nous discutons aussi avec Raphaël qui est là en permanence avec son ULM pendulaire pour gagner sa vie en faisant des baptêmes de l’air aux touristes de la station. La piste d’atterrissage est accolée à une remontée mécanique.
Je viens d’acheter une nouvelle caméra, elle est assez petite pour que je l’installe dans les haubans en bout d’aile pour filmer le décollage. C’est mon premier essai, et croyez-moi… je me suis dit que j’aurais la vidéo si je devais me crasher… !
Malheureusement, ça n’a pas manqué… !
Pour une raison que je n’ai pas encore identifiée aujourd’hui, nous avons eu en décollant une baisse de tours moteurs quelques secondes après la mise en puissance. C’est parfaitement audible quand on regarde la vidéo.
Là, ça c’est passé encore plus vite que le crash dans les maïs. Malgré la pente importante qui aide au décollage, en bout de piste nous avons tapé dans une butte de neige. Crash relativement en douceur, car nous tangentions presque le sol, mais suffisamment brutale pour faire remonter le train d’atterrissage au niveau du plancher et casser quelques tubes de la cellule. L’hélice elle aussi est endommagée, les pales sont apparemment en état, mais elles ont été pliées et les fibres sont cassées.
Nous, nous n’avons rien, le choc a été amorti et nous étions bien sanglés. Je ne me souviens pas d’avoir ressenti la décélération.
J’appelle mon épouse pour lui dire qu’elle aura à venir me chercher ce soir à Valmorel. Elle fait du ski de fond avec une amie dans le Vercors. Une heure après, elle m’appelle :
" Il faudra que tu rentres tout seul, je vais à l’hôpital, mauvaise chute, je me suis probablement cassé quelque chose. "
Mauvaise journée, elle s’est cassé l’épaule. L’épaule c’est très handicapant, des semaines d’immobilisation du bras et des mois de rééducation… !
Le 10 mars 2005, nous avons fait coup double.
Quant au Skyranger, rapatrié à Grenoble avec l’aide de mon élève qui est resté avec moi le lendemain pour m’aider à le démonter et le mettre dans un petit camion de location, je l’ai complètement réparé. 300 euros de tubes. Philippe Prévost le concepteur du " Sky " qui a largement utilisé mes photos prises en montagne pour sa pub m’a fait un prix coutant.
Les tubes sont tous répertoriés, je n’ai eu qu’à les remplacer, même les trous pour l’assemblage sont faits. J’ai accroché la machine sous une petite grue d’atelier que les mécanos appellent " une chèvre… ? " Ça m’a pris plus de 2 mois parce que j’avais aussi à m’occuper de ma femme, des courses de la maison, de la lessive, du repassage…etc. Tout ce que les maris n’ont pas bien l’habitude de faire… !
Quelques jours après le crash, j’ai reçu la facture d’assistance de la station de Valmorel : 650 euros. Nous sommes revenus en taxi, j’ai heureusement songé à appeler le service d’assistance/assurance de ma carte de crédit et j’ai été remboursé des 250 euros au tarif de nuit. Ajoutons à cela 150 euros pour le camion. Si je ne compte pas l’hélice de remplacement que j’avais en réserve, je peux dire que cet accident m’a couté un minimum d’argent.
Avec tout autre modèle, j’en aurai eu pour beaucoup, beaucoup plus cher.
C’est un des gros avantages de ce type d’ULM en tubes assemblés par boulonnage. On trouve maintenant sur le marché des machines à des prix très élevés. La montagne est une pratique à risques, à risques financiers en premier lieu, car la casse en montagne est fréquente, et à risques de dommages corporels pour les pilotes et les passagers aussi, nous avons eu malheureusement à déplorer quelques accidents mortels ces dernières années. Ces accidents ont entrainé une nette augmentation des primes d’assurance et même certains assureurs refusent maintenant d’assurer les avions en montagne.