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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 08:50

23 juin 1960 -  23 juin 2010

Il y a 50 ans Henri Giraud réalisait l'exploit de poser son Piper au sommet du Mont Blanc.

"Je l'ai fait"  dit-il avec simplicité.  L'échec, c'était la mort.

Il faut arriver à 140 badin, oui, et même 150 en piquant face à la pente,
et, pour être tangentiel à la neige, descendre d'une soixantaine de mètres.

A ce moment, les skis doivent toucher la pente, presque la paroi, et la difficulté à pris une proportion telle, même pour Henri Giraud, qu'il a prononcé le mot de   "diabolique".

Ce mot, il n'est pas donné à n'importe qui d'en saisir l'horreur ce jour-là.

Ce qui est diabolique, c'est aussi la difficulté de doser les gaz,  pas assez de gaz, trop court à l'arrivée, on retombe, l'avion se retourne sur le dos pour chuter dans l'abîme.
Trop de gaz, trop de vitesse, trop long, en arrivant au sommet on est éjecté de l'autre côté, "On efface le Mont Blanc "

Il faut donc être ni trop court, ni trop long.   Comment ?

Par dosage, comme le sel dans les plats précise "Henri Giraud"

 

carnetdevol-HG-r

Il n'y a pas seulement l'atterrissage, dit-il, il y a l'approche .

Moment grave, car c'est celui de la décision.


Imaginez une montagne de glace, en lame de couteau, avec des deux côtés, un abime de 2.500 à 3.000 mètres. On arrive au-dessus d'une croute italienne, chevauchant des roches. A cet endroit-là, on peut encore faire demi-tour, mais, une fois les rochers dépassés, en face de la pente de glace, c'est fini. C'est la minute de l'engagement, avec, devant soi, une immense armure scintillante.


Le pilote avance un pion de plus sur l'échiquier de l'invisible : sa vie.

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25 octobre 2009 7 25 /10 /octobre /2009 09:00


Notre ami ROBERT MERLOZ vient de nous quitter au terme de son combat contre la maladie.
Robert était très apprécié,  un type bien,  affable, souriant.
Un pionnier de l'aéronautique de montagne, créateur aux côtés de Michel Ziegler de la Compagnie Air Alpes , pilote de ligne à Air France,   pilier du club de Méribel dont il fut président.
Un ami de tous.


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AIR ALPES - Dès l'origine, Michel Ziegler appela à ses côtés Robert Merloz, ami d'école et Savoyard, qui le seconda pendant les premières années puis poursuivit une brillante carrière de pilote à Air France.

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Souvent Nano (Jean-François  Chappel)  partageait ses vols en 707 avec comme copilote Robert Merloz. Merloz, ancien pionnier du vol en montagne au SFA qui, avant de rejoindre Air France, avait ouvert avec Michel Ziegler la saga superbe d'Air Alpes, sans doute l'une des dernières aventures totales de l'aviation civile : à la manière de Didier Daurat,  alpins, ils avaient inventé les concepts opérationnels, tracé les pistes des altiports, ouvert les altisurfaces et, surtout, piloté les avions. Puis Robert était parti à Air France, et à l'aéroclub de Méribel, et retrouvé Nano.
Ensemble, ils avaient écrit la bible du vol en montagne, puis Robert avait mené sa carrière de commandant et cadre, assumant entre autres l'arrivée de l'A-320 à Air France...

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5 septembre 2009 6 05 /09 /septembre /2009 16:28
A l'atterrissage à Hyères où je me pose régulièrement, la piste est mouillée et il y a un léger vent traversier.

Soudainement, je sens l'avion qui dérape et part de travers. Je suis un peu surpris, car le vent est relativement faible, mais je contre ce dérapage sans problème.

Après avoir accompagné  les passagers à l'aérogare, je discute avec un mécano d'Air Inter qui fait l'assistance piste, je lui raconte que je me suis fait surprendre par une glissade et j'évoque l'hypothèse d'un aquaplaning, mais comment savoir après coup ?

Les vieux mécanos qui ont bourlingué connaissent des tas de choses qui ne s'enseignent pas forcément de nos jours.

Tu veux savoir si tu as fait un aquaplaning,  viens avec moi, on va regarder tes pneus.
Je le suis, un peu septique, que va-t-il me montrer ?

Là je découvre avec lui une drôle de marque sur un de mes pneus. C'est une marque de brulure.




Comme ce mécano m'explique, les marques ne sont pas le résultat d'un coup de frein, mais bien dû à un échauffement intense.
Un plat suite à un blocage de la roue aurait marqué aussi le centre du pneu.

L'aquaplaning se produit en fonction des paramètres vitesse et pression de la roue sur le sol.  
Le pneu, si celui-ci n'est pas bien dessiné pour évacuer l'eau, "emprisonne" entre lui et la piste (ou la route)  une quantité d'eau soumise à la pression mais aussi à une forte friction.
Du fait de cette forte pression, l'eau atteint des températures très élevées qui font se désagréger le caoutchouc.


Il est possible de calculer le moment ou l'aquaplaning se produira.
Il existe une formule que j'ai oublié malheureusement, qui tient compte de la masse et de la vitesse.

 
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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 19:42

 

 

Quiconque, pilote de plaine , a  l'occasion de « frôler le caillou » avec un pilote expérimenté, en garde un grand souvenir et que dire si ce vol passe par un atterrissage sur une altisurface, ou mieux, un glacier.

 

Les pilotes de montagne, plus de 600 membres, se regroupent dans  l' AFPM, l'Association Française des Pilotes de Montagne, qu'ils soient des Alpes ou des Pyrénées, mais pas seulement, car souvent ces pilotes viennent de toutes les régions pour pratiquer pendant les vacances.

 

Dans chaque région, un aéroclub organise un rassemblement tous les ans, rassemblement sur roues, et  pour ceux qui sont équipés de skis, c'est à Super Dévoluy que tous se retrouvent, y compris nos amis étrangers: Suisses et Italiens en majorité,é mais aussi Autrichiens ou Allemands. C'est une rencontre AFPM et EMP, «l' European Moutain Pilots » créée par l'AFPM. 

 

 

 

18 rassemblements au calendrier 2009 !

 

Des dizaines d'équipages autour d'un piquenique, ou, comme à Super Dévoluy, au restaurant d'altitude, invités chaque année par la section Alpes du Sud de l'AFPM,  mais aussi par la municipalité, admirative du dynamisme et du bon esprit de notre association, et par Michel, le sympathique patron du resto qui nous offre un apéro « sans alcool ».

Nombreux sont ceux qui n'ayant pas d'avion équipé de skis, viennent en voiture et prennent les télésièges pour ne pas rater ce rassemblement exceptionnel.

 

 

Un autre rassemblement devient aussi incontournable, celui de La Tovière, à 7 350 pieds. Cette année le rassemblement à compté près de 60 machines dont une bonne quantité d'Ulm 3 axes et de nombreux pendulaires, sans oublier un autogire et un hélicoptère. Toute une organisation sans faille pour les accueillir sur une plateforme étroite.

 

 

Tous réunis autour d'un repas, tartiflettes et divers, apporté en 4x4 par les responsables du club de Val-d'Isère, le maitre mot est « convivialité ».

Cette année, même les randonneurs y étaient conviés, la municipalité ayant fait un large écho à cette manifestation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Assis dans l'herbe, nous avons pu leur expliquer notre technique et parler aussi de l'historique de l'atterrissage en montagne en évoquant Geiger et Giraud, ces deux pionniers qui souvent avec des risques incroyables en ont fixé les bases et aussi ... enfoncés les portes de l'administration pour que l'on puisse se poser ailleurs que sur une surface horizontale  !

 

video:  décollage d'un Jodel Mousquetaire de La Tovière.

 

En Suisse, le rassemblement de Verbier, et en Italie, celui de Chamois connait aussi un franc succès

 

Tous ces rassemblements sont très festifs. Ils sont l'occasion de tous nous retrouver pour une journée très amicale, et souvent de prévoir entre nous d'autres rencontres.

 

Du fait du développement rapide de l'Ulm,  de plus en plus de pratiquants souhaitent eux aussi venir à cette activité, mais cela ne se fait pas sans risques.

 

Pour voler en montagne,

il n’est pas besoin d’être montagnard, 

                                    mais, en acquérir l’esprit est nécessaire.

 

                                            Tout comme on ne s’improvise pas marin,

                                 on n’aborde pas les massifs montagneux 

                                 des Alpes ou des Pyrénées avec l’esprit citadin.

 

Malheureusement, malgré la  bonne formation initiale des pilotes, les accidents d'avion en montagne ne sont pas rares et quelquefois dramatiques.

 

                  Nos illustres prédécesseurs nous ont ouvert la voie,

                            techniquement, administrativement, 

                       mais la technicité du vol et les risques encourus

                                      sont toujours bien réels.

 

En 2003, forts de ce constat, les présidents de l'AFPM et de la FFPLUM, Noël Genet et Dominique Méreuze, ont décidé de créer une structure adaptée à une formation montagne ulm « volontaire ». 

  Dominique Méreuze   FFPLUM

                                                            et Noël Genet   AFPM 

 

Deux pilotes, l'un ulmiste FFPLUM mais aussi pilote avion, Louis Collardeau et moi-même,pilote avion AFPM, membre du bureau de l'association, et ulmiste, ont été désignés pour consulter les pratiquants professionnels, établir et proposer un « label montagne » basé sur le volontariat, label en vigueur aujourd'hui malgré les réticences initiales de certains pilotes et instructeurs professionnels Ulm qui voyaient là, la mise en place d'une DNC contraignante. 

`

`Bien au contraire, cela a démontré que les ulmistes ont bien un esprit « responsable » et savent se prendre en main pour leur sécurité.

Le label s'obtient par un instructeur ayant été lui-même formé et labélisé au cours d'un stage spécifique théorique et pratique.

 

Aujourd'hui, il est parfaitement possible de trouver un instructeur ULM « label montagne » qui saura donner une formation suffisante pour appréhender le vol avec sécurité.

 

Cela dit, les plus expérimentés vous le dirons, en montagne plus qu'ailleurs, on en apprend à chaque vol.

 

 

 

 

 
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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 10:02

Coup de coeur, coup de chapeau....

Une aventure aéronautique atypique en faveur des maladies neuromusculaires : la traversée du Sahara en ULM par deux frères myopathes.

à voir à cette adresse http://www.defi-myopathie.com





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25 mars 2009 3 25 /03 /mars /2009 19:26

      Sur un glacier du massif du Mont Blanc, je devais rejoindre un ami, Xavier Maniguet,  arrêté avec son jojo "Marcel" sur une zone de stationnement assez étroite et pentue après un piquenique sur le glacier du Tour.

Xavier et son jojo. Glacier du Tour.


      Sur le Tour nous étions dans une neige relativement lourde,  mais là, la neige était plus glissante, bien qu’à la même altitude, mais avec un ensoleillement différent.

  Une première tentative en passant sous son avion en stationnement ne me permettant pas de m’arrêter, je remets les gaz pour un nouvel essai, et, excès de confiance, cerveau en hypoxie… ?…!    je choisis de passer derrière. Xavier filme l’approche et l’atterrissage. Je passe derrière lui à quelques mètres,    Et là, croyant être passé au-delà de sa verticale par rapport à la pente, je réduis la puissance pensant que l’arrêt serait instantané.
     Mauvaise estimation, je suis encore au-dessus de lui et dans cette neige glissante, mon Skyranger part en girouette nez vers le bas en direction de son aile droite.
     Plus question de se rattraper par un coup de moteur, il faut limiter les dégâts : je coupe le moteur pour que l’hélice ne batte pas l’aile…et ça continue de glisser….
     Au passage mon hauban frotte sur son saumon d’aile et le bout d’aile touche son hélice.   
     Ça glisse toujours, la pente est forte.   Pas de dégât apparent, remise en route du moteur, et nouvel atterrissage avec arrêt complet cette fois.


     Nos machines gardent chacune une trace de peinture de l’autre, et il n’y a eu heureusement aucune casse. 

                         Avertissement sans frais… ! Mea culpa. Belle connerie.

       Un poil plus à gauche et j'entrainais dans ma course "Marcel", le jojo de Xavier, ça ce serait surement mal terminé.

Faut-il tenir compte d’une certaine hypoxie qui perturbe le jugement, dû à un séjour de plusieurs heures à plus de 10 000 ft ? Un guide de montagne m’a dit que certains de ses clients, après quelques heures en altitude, avaient de la peine à coordonner des gestes comme fixer les lanières des skis ou des raquettes et autres gestes simples.

 

                                     Mais Xavier nous a quitté...

 

 

                           

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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 13:07

Mon ami l'espion...



(Dauphiné Libéré du lundi 23 mars 09)


Dimanche 22 mars, les pilotes de montagne s'étaient retrouvés à Super Dévoluy, 23 avions.  Dans la matinée nous avons appris que Xavier qui devait nous rejoindre s'était crashé sur le glacier du St Sorlin.

Médecin de formation, « mais ça n’a jamais été franchement ma passion », colonel de réserve, baroudeur, spécialiste des requins, instructeur de pilotage et de voltige aérienne, moniteur de plongée, parachutiste, Xavier Maniguet touche un peu à tout, pourvu que cela roule, vole ou flotte. La médecine lui a surtout ouvert des portes, « celles du monde entier ». Une opportunité de voyages qui lui fait connaitre le monde du renseignement et des agents secrets. Un univers qu’il fréquente avec assiduité et sens patriotique développé, « comme un bon petit soldat, jusqu’au bout » évoque-t-il à de multiples reprises dans son ouvrage ( French Bomber).

10 juillet 1987, une équipe de plongeurs envoyée par les services secrets français faits exploser le Rainbow Warrior. Un photographe est tué. La discrète "Opération Satanic" devient une affaire d'État.
                                                             (archives "les informations dieppoises)




Impliqué dans " l'affaire du Rainbow Warrior ", il a participé à " l'opération satanic " qui a fait couler le vaisseau amiral de Greenpeace qui allait menacer le bon déroulement des expériences nucléaires françaises. Il avait loué en Nouvelle-Calédonie le voilier qui transportait des explosifs et du matériel de plongée à Auckland, ce port de Nouvelle-Zélande où le Rainbow Warrior a explosé le 10 juillet 1985.


Il m'avait raconté qu'il avait planqué le matériel dans le conteneur de survie à la place du canot, sachant qu'on ne peut inspecter ce matériel sans le rendre inutilisable.
Arrêté après l'explosion du bateau, il avait été mis en garde à vue et interrogé, puis relâché faute d'indices. N'attendant pas qu'on l'interroge à nouveau, il avait repris la mer subissant une forte tempête qui lui a permis d'échapper aux garde-côtes partis à sa recherche pour l'intercepter et l'arrêter de nouveau.

Altiport de Chamois en Italie (fev 2003) avec sa compagne Mireille.


Xavier au centre, avec une bande de pilotes de montagne sur un glacier italien ou nous nous étions tous retrouvés pour une sortie en groupe.

Xavier Maniguet était également l'auteur de plusieurs ouvrages comme "Le Guide de l'homme d'action", "L'aventure pour l'aventure" , "Survivre, comment vaincre en milieu hostile" , "Les naufragés, comment survivre en mer",   La montagne et vous et "French Bomber" ou il relate "sa" version de l'affaire du Rainbow Warrior.


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5 mars 2009 4 05 /03 /mars /2009 21:18

Encore deux petits récits sur les soucis d’avitaillement de nos aéronefs…juste pour faire frémir encore un peu plus un de mes voisins et ami qui prend souvent l’avion, n’est-ce pas Nicolas… ?

 

Cette fois-ci, je vais mettre en cause une chaine d’erreurs comme cela arrive bien souvent en disséquant les évènements ayant conduit à un crash.


Les faits :

La TAT, Touraine Air Transport , effectue une ligne régulière Lyon-Tours-Dinard avec un biturbine Nord 262, nous sommes en 1974.

 

À l’escale de Tours, il faut compléter le plein. L’arrivée à Dinard se fera de nuit.

Après une pause à l’aérogare, l’équipage retourne à l’avion où le pétrolier de service vient remettre au commandant de bord une feuille d’avitaillement mentionnant la livraison de "  x "  litres de carburant, la quantité additionnelle nécessaire pour le vol.

 

Pour cette étape, il n’y aura que 4 ou 5 passagers et l’équipage, deux pilotes et une hôtesse.










La météo est bonne, peu de nuages, le vol est paisible.

Sauf que, à mi-chemin, les pilotes s’inquiètent tout d’un coup de voir les jauges de carburant être très basses, pourtant, le plein à été complété.

Vérification du bon de livraison, oui, "  x "  litres ont bien été livrés…mais…horreur…ils constatent maintenant que le bon est daté de la veille.

Ils ont entre les mains un bon de carburant qui n’a pas été remis à l’équipage précédent et leur plein à eux n’a pas été fait.

 

Le contrôle est avisé de leur situation " short petrol " pour un déroutement vers un aérodrome voisin de leur trajectoire, mais à cette heure un peu tardive, aucun n’est ouvert.

Ils sont autorisés à monter plus haut pour consommer le moins possible.

 

Imaginez l’angoisse qui peut vous saisir dans cette situation…ça vous prend les tripes, l’impression de vivre un cauchemar.


Faire l’estimation du kérosène restant : pas facile d’apprécier la distance des aiguilles par rapport au zéro de la jauge qui exprime des dizaines de litres sur quelques millimètres d’un cadran, si tant est que l’indication du zéro soit juste, car les jauges ne sont pas toujours bien précises. C’est pourquoi d’ailleurs j’ai l’habitude au cours de vols sans passagers d’aller jusqu’à la panne pour bien les étalonner.
Savez-vous exactement quand vous serez en panne en regardant la jauge à essence de votre voiture ?

 

Personnellement, j’aurai coupé une des turbines, cela fait perdre de la vitesse, mais moins que la moitié de la vitesse de croisière normale, ce qui donne une meilleure consommation distance.

 

Finalement, le vol s’est terminé en " vol plané " avec atterrissage dans la campagne, de nuit, ce qui n’est pas du tout évident.

Ils ont peut-être été aidés par une nuit avec une belle lune, je ne sais pas, mais en tous cas, la finale s’est faite aux phares d’atterrissage qui ne vous éclairent le terrain que dans les dernières centaines de mètres, trop tard pour des options majeures de choix de terrain, il faut négocier " droit devant ".

Ce qui fut fait avec relativement peu de dommages et beaucoup de chance, les passagers et l’hôtesse sont indemnes, seul le copilote a été blessé par une souche d’arbre qui a éventré le fuselage.

 

Cet accident a fait la une de la presse régionale, on en a parlé à la télévision, mais la compagnie a pris la précaution immédiate dans la nuit, pour éviter d’être trop exposée aux médias, d’effacer à la peinture le nom de TAT.

 

Difficile de dire quel est le premier maillon de la chaine d’erreur.

 

Pris dans une routine de ligne régulière où le complément de plein devait être le même chaque jour, l’équipage ne l’a semble-t-il pas sollicité expressément, le service d’escale ne s’en est pas préoccupé, le pétrolier est venu se " débarrasser " d’un bon de livraison qui trainait sur son bureau et l’équipage en confiance par ce bon de livraison est passé trop rapidement sur l’item " vérification de la quantité nécessaire au vol " en faisant la checklist.

Normalement, règlementairement, un des pilotes ou le représentant technique de la compagnie doit être présent pendant l’avitaillement.

 

Le pilote n’a pas véritablement été sanctionné par le conseil de discipline compte tenu de la diversité des responsabilités, je crois me souvenir qu’il a eu une courte suspension de licence, mais a été bien évidemment viré de la TAT.

N'oublions pas que cela c'est passé il y a 35 ans, depuis, les procédures de mise en oeuvre des avions ont considérablement évolué, équipages, pétroliers, personnel d'escale sont soumis à de strictes contraintes de sécurité. 

 

 

L’autre cas s’est produit en Amérique du Nord sur une grosse machine et là, l’équipage a été félicité, bien qu’il se soit retrouvé en croisière avec les deux réacteurs en panne, loin de leur aérodrome de destination… ! Sympa comme situation non… ?

 

Je ne me souviens plus de l’année, mais ça se passe dans les années 90 je crois, au moment où le Canada adopte pour la livraison du carburant, les litres au lieu des livres, " pounds " qui sont toujours employées par les Américains.

Tous nos manuels de vol s’expriment en livres de pétrole pour nos calculs, les instruments affichent eux aussi des livres pour la consommation instantanée, la contenance des réservoirs ainsi que la poussée des réacteurs qui s’exprime maintenant chez nous en newtons.

 

L’avion concerné par ce vol est un Boeing dont j’ai oublié le modèle, 767 je crois, nouveau modèle qui connais des problèmes au niveau de l’affichage des jauges des réservoirs, à tel point que pour vérifier régulièrement la quantité de pétrole à bord, des sondages sont effectués ponctuellement à l’aide d’une perche étalonnée, c’est dire l’importance du problème.

 

Un équipage de " yankee " en escale à Toronto demande un plein de " x " litres de kérosène, puisque c’est la nouvelle mesure adoptée au Canada, mais, erreur du pétrolier pas encore familiarisé aux nouvelles normes et dont le camion avitailleur doit encore afficher les débits en livres, donne la quantité demandée en livres et non en litres, la moitié seulement… !

Cela peut paraitre incroyable dans un milieu de professionnels hyper spécialisés, mais c’est arrivé.

 

Établi en croisière, l’équipage remarque bien que les jauges sont particulièrement basses, mais ce problème technique récurent d’affichage ne les inquiète pas étant donné qu’ils ont fait un plein suffisant…(Déjà vu ! )

Sauf que le premier réacteur s’arrête de fonctionner… puis le deuxième. Oups !

 

Un avion de ligne est dessiné pour pénétrer facilement dans l’air avec un minimum de trainée, comme un planeur, ce qui en fait de vrais ( gros) planeurs moteurs coupés.

 

Cela dit, si l’angle de plané faible permet d’avancer de plus de 20 km pour mille mètres d’altitude perdue, compte tenu de la vitesse sur trajectoire, le taux de chute est plus important, il se retrouvera au sol plus rapidement.

De l’altitude de 12 000 mètres, le temps de plané est de 48 mn à la vitesse de 300 km/h, il serait de 2h24 pour un planeur ayant atteint la même altitude.

Cela peut paraitre incroyable quand on regarde la masse d’un Airbus A-380, mais il a, lui aussi, environ 20 de finesse. (donnée Airbus industrie).

 

Par chance, le copilote est un vélivole assidu (pratiquant du vol à voile) et se souvient que non loin d’eux, une ancienne base aérienne militaire sert, entre autres choses,  de terrain de dégagement pour les planeurs qui n’ont plus assez d’ascendances pour retourner à leur point de départ. Il connait bien la position et demande au contrôle de leur donner un cap direct précis pour la rejoindre. La météo est excellente, l’équipage pourra faire une approche à vue sans problème.

 

Seulement un premier problème est à régler d’urgence. à l’extrémité de la piste se trouve un campement permanent qu’il va falloir faire évacuer d’urgence, car pour les raisons techniques que je vais développer, l’avion aura toutes les chances de sortir de la piste en fin d’atterrissage.

Le contrôle va gérer cela immédiatement et réussira à contacter les responsables, à faire évacuer les abords de l’aérodrome et dépêcher des services de secours en nombre et à temps.

Le premier problème que va rencontrer l’équipage est la sortie du train d’atterrissage, n’ayant plus de moteur en fonctionnement, il n’y a plus de pression hydraulique.

Cela est prévu sur tout les avions qui ont un système de secours qui est généralement mécanique par engrenages ou par utilisation de la pression emmagasinée dans une bâche hydraulique annexe. Sur mon Jet " Citation ", le train commence à sortir par gravité puis est verrouillé par la détente d’une cartouche de gaz dans le circuit.

Le deuxième problème est que les systèmes hypersustentateurs, volets de bords de fuite et becs de bords d’attaque qui augmentent la portance et permettent des vitesses d’atterrissage faibles, sont aussi manœuvrés par pression hydraulique, et eux les volets, n’ont pas de système de secours, il faudra faire sans… !

 

Faire sans, cela veut dire une vitesse d’approche très majorée. Par exemple, un Boeing 737 approche à 150 nœuds, 280 km/h. Sans volets, je suppose que cette vitesse passe au moins à 360 km/h. Pour un Boeing 767 je ne sais pas exactement, mais c’est du même ordre et probablement plus.

 

Un Boeing 767 pèse entre 180 et 200 tonnes au décollage, allez arrêter une masse pareille à près de 400 km/h, il faut de bons freins…mais aïe… ! les freins eux aussi fonctionnent à l’hydraulique. Il y a bien un secours, une bâche hydraulique de réserve qui permet de ne donner que quelques coups de frein ou de tout bloquer, mais sans antiskid, c’est à dire sans ABS, l’antipatinage.


Sans moteurs, il n’y a évidemment plus la " reverse ", l’inversion partielle de poussée utilisée à tous les atterrissages.

 

Pour ne pas risquer de ne plus avoir de freins en fin de course après usage de la réserve de secours faite pour une utilisation à vitesse normale, l’option et de ralentir un peu puis de freiner au maximum, ce qui va bloquer les roues.

 

 

La distance totale d’atterrissage va être considérablement augmentée par la conjugaison de la vitesse d’approche rapide et du manque de freinage, mais heureusement…si l’on peut dire… n’ayant plus de kérosène l’avion est plus léger que d’habitude.

 

Sans moteurs, sans volets, arriver pile à l’entrée de piste est une gageüre. Mais là encore, l’habileté du pilote de planeur va jouer en utilisant, ce qui ne se fait jamais en avion de ligne, jamais au grand jamais : la glissade.

La glissade est une manœuvre qui consiste à mettre le fuselage de travers, comme une voiture en dérapage, et l’aile en inclinaison : un savant dosage du manche à balai, le volant sur un avion de ligne, et du palonnier qui se manœuvre aux pieds et maintient le fuselage de travers, tout cela pour augmenter le taux de chute.

Si le taux de chute est trop fort, donc l’angle de plané, on diminue la glissade et cela permet une arrivée de précision.

Il faut des pilotes expérimentés et surtout qui ont pratiqué l’aviation légère, ce qui se voit de moins en moins dans ce métier ou les gens entre en carrière en passant par les écoles sans trop trainer dans les aéroclubs.

 

Ils ont réussi tout cela sans faute, l’avion est sorti de piste pour batifoler un peu dans le camp du bout de piste, les pneus explosés, glissant sur les jantes, mais l’avion n’a même pas été endommagé et bien sûr, personne n’a été blessé…

Ouf… !

 

Qu’en pense tu Nicolas   ? ?

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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 20:31


Rassemblement ULM européen de Blois 2003


      L’un de nos premiers grands voyages de camping en Skyranger, précédemment, au cours de nos vols nous faisions escale en montagne près de chez nous.

      Nous allons là-bas présenter pour la première fois un " ULM montagne " équipé de skis. L’AFPM, Association Française des Pilotes de Montagne m’offre même les frais d’essence pour cette exposition.

 

       Assez original de se trimbaler pendant l’été le plus chaud du siècle à travers la France avec des skis… !

 

       En effet, cette année-là, tout le monde s’en souvient, il a fait très chaud et il n’a pas plu de tout l’été, sauf….Sauf pour ce rassemblement. Pour éviter les orages prévus le vendredi, nous sommes partis le jeudi. Un peu de zigzags au milieu des averses, mais rien de bien important. Nous sommes quelques-uns venus en avance, pour la plupart des exposants comme nous. Par contre, dans la nuit, nous avons eu droit à des orages musclés.
      La petite tente qui accuse les années n’est pas vraiment étanche et avec le vent, le double toit collant à la première enveloppe, nous nous retrouvons inondés.

Madeleine me dit dans la nuit:
      " C’est toi qui a choisi de venir ici, prend donc ma place, je baigne dans l’eau… "
    
        C’est vrai que de son côté, c’est plutôt…humide !
 
      Le lendemain matin, le linge sèche sur les pales d’hélice, et dans les haubans.

 
      Dès les premières heures, des dizaines d’ULM nous rejoignent et s’installent, la météo s’est franchement dégradée un peu partout, certains ont pris des risques pour passer, mais il fait beau à Blois. 


      Blois-Onzon, petit terrain exclusivement ULM, même si quelques avions ont obtenu une autorisation spéciale pour pouvoir s’y poser.
      En 2004, pour la première fois, le rassemblement aura lieu sur le terrain " avion " de Blois.

 

 

 

 

 

Samedi 29 aout 2003

Le Skyranger est en exposition et étonne bien des gens.

 



L'année suivante, pour ce rassemblement et toutes nos sorties en montagne, nous nous équipons d'une tente "tous temps" bien étanche et plus vaste.


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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 17:20

      J'ai parlé des fautes de gestion du carburant par le pilote, mais il est un problème, sournois, qui peut conduire à la catastrophe, c'est la pollution du carburant.

 

     
Dans le kérosène, Jet-A-1, nous rajoutons un additif, le Prist, qui permet de reculer le givrage possible de particules d'eau toujours présentes dans le carburant qui viennent colmater les filtres et peuvent conduire à un arrêt turbine ou réacteur.

      Le Jet-A-1 militaire qui est aussi livré aux civils sur les bases mixtes contient déjà cet additif. Le kérosène livré dans les pays nordiques contient aussi cet additif.

      Le Prist est aussi un agent antibactériologique, car des bactéries se développent dans le kérosène, elles se déposent sur les parois des réservoirs et viennent aussi colmater les filtres. Le constructeur Cessna impose dans le manuel de vol l'usage de cet additif de manière permanente pour tous les pleins. Principe de précaution, mais aussi réelle utilité.

 

     
      Nous avons failli avoir un problème grave après une escale en Pologne à Lodz. Petit aéroport à une centaine de kilomètres de Varsovie qui s'est bien ouvert au trafic d'avions d'affaires, mais dont les installations sont vétustes à l'époque de ce récit (1995)

      Établis en croisière en Beechcraft 200, à 40mn de Lyon, notre turbine gauche soudainement se met au ralenti. Nous avisons le contrôle de notre problème et commençons une descente lente. Nous allons avoir une priorité à l'atterrissage.

      La turbine est au ralenti, mais tous les paramètres sont normaux, je décide donc de la laisser fonctionner manette en position réduit.

 

      Parvenus dans les basses couches, je pousse la puissance de temps en temps, la turbine se réveille et nous retrouvons toute la puissance.

 


      Le vol du lendemain est annulé, l'atelier se penche sur le problème et découvre rapidement que les filtres sont complètement encrassés. Nous avons eu une livraison de pétrole pollué. Avons-nous eu un fond de cuve encrassée ou toute la cuve était-elle polluée ?


      Avec le froid régnant en altitude, cette pollution s'est figée et a colmaté les filtres, la température positive dans les basses couches a dégelé les filtres qui ont laissé passer la quantité nécessaire de carburant.

 

      Le risque évident aurait été que les deux moteurs soient concernés pareillement et qu'en période hivernale les turbines ne reprennent pas leur fonctionnement normal en basse altitude.

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